Je suis né dans
un petit
village, les dieux m'ont donné la chance de vivre dans une campagne
encore un peu sauvage et je fus un enfant assez sauvage. Cinq lieux
privilégiés ont marqué mon enfance jusqu'à l'âge de dix ans (puis ce
fut le déménagement en ville, à Tours), Le premier fut
la forge de
mon grand-père ; le deuxième fut la forêt environnante et les petits
bois ; le troisième fut l'eau : les deux fontaines, le Cher et la Loire
; le quatrième fut l'église du village et le cinquième fut la tour du
vieux château en ruine.
Le plus
important est la
forêt où ma relation avec la Nature s'est développée, forêt qui m'a
révélé son histoire dans un rêve-vision, forêt où venaient mourir les
angoisses dues aux crimes des adultes, forêt lieu de paix qui m'apporte
la sérénité depuis toujours.
Parlons un peu
de l'église
Saint Romain du XIIème Au dessus de la porte d'entrée j'ai cru
distinguer un blason de Richard Cœur de Lion, effacé depuis, et sur une
dalle de l'allée principale un petit creux en forme de losange que je
revis sous une statue en bois très ancienne qui était dans le grenier
de la sacristie et qui a disparu depuis,
La première
fontaine était au
pied du village, elle disparut lors de la construction du premier
épurateur, lui-même démoli par la suite. Le coin semble avoir repris
son allure d'origine mais quelques mètres plus haut (où est passée la
source). L'endroit, à l'origine, avait un aspect enchanteur et son
souvenir m'a inspiré un poème.
La deuxième
fontaine est la
fontaine Saint Martin à La Boulaye, elle est située à quelques mètres
du Manoir de la Boulaye. Elle fait partie des nombreuses sources
christianisées après le IVè siècle. Elle était réputée pour guérir de
nombreuses maladies et fut longtemps un lieu de pélerinage. Je ne le
savais pas lorsque j'étais enfant, mais je me suis baigné dedans et
j'ai bu de son eau si claire à l'époque.
Mes croyances se
sont gravées
au fil des ans dans ma chair, tout comme l'esprit de mes ancêtres. Mes
croyances sont de vie, de plaisirs, de souffrances, de chair et de sang
sur la terre de mes ancêtres de Touraine, de Vendée et de Bretagne. Les
esprits des lieux sacrés m'ont toujours habité.
On ne rencontre
pas les
esprits et les Dieux dans les livres mais en des lieux précis, puis ils
se révèlent en nous-mêmes. Tout ce qui est de la Nature est sacré mais
tout n'est pas Dieu, ce qui est fabriqué sous l'inspiration des esprits
est sacré. Les produits de la société industriels ne sont pas sacrés,
ce sont des déchets plus ou moins précieux pour ceux qui les
détiennent. Certaines œuvres d'art sont du domaine du sacré mais pas
toutes car certaines n'ont d'autres sources d'inspiration que la soif
du profit ou l'orgueil, quand ce n'est pas les forces du mal.
Remontons
donc un peu le temps pour aller à l'époque du néolithique, époque des
chamanes européens ancêtres des druides. Comment celà c'est-il passé
dans ma vie ?
Mon premier
contact avec la
préhistoire de mon pays, la Touraine, fut le dolmen de la Grotte aux
Fées à Saint Antoine du Rocher (dolmen dit aussi « de Mettray
») au
lieu-dit : Moulin de Rechausse. Il est daté du Néolithique et il est
propriété de la commune, classé monument historique par le journal
officiel du 18 avril 1914.
Pour
l'anecdote, mon dernier lieu d'habitation en Touraine fut une ferme
aménagée à Saint Antoine du Rocher, avec une grande forêt juste à côté.
Puis ce fut la
rencontre avec la Bretagne, j'avais onze ans, lors des
vacances à Carnac où je pris plaisir à marcher parmi les
menhirs qui
n'étaient pas clôturés à l'époque.
Pendant le même
séjour je découvris la musique et les danses de Bretagne à Ploërmel
lors des « Grandes Fêtes de Cornouaille ».
Des années après je découvris les alignements de Lagatjar (sur la
commune de Camaret, Finistère).
(les tours au fond sont les ruines du manoir de Saint-Pol-Roux)
Ils ont fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques
depuis le 18 juin 1883.
Alors que le Chevalier de Fréminville nous rapporte dans son livre
Antiquités du Finistère 600 menhirs, les alignements ne comportent plus
de nos jours que 65 menhirs seulement. Il faudra attendre 1928 pour que
les alignements de Lagatjar soient restaurés et classés monument
historique. L'alignement de Lagatjar est composé de trois files de
menhirs. L'ensemble dessine une ligne orientée N 35°E et S 35°O, d'où
partent, à angle droit, deux lignes parallèles.
Ce qui est important c'est de trouver les liens qui nous relient à
notre terre et à nos ancêtres, le menhir semble être un de ces liens
entre les dieux et les hommes, entre nous et nos ancêtres.
Personnellement j'ai trouvé ces liens autrement, mais les menhirs ne
m'ont jamais laissé de marbre.
La Bretagne, la Vendée,
l'Auvergne et la Touraine sont les provinces de mes ancêtres, ils ont
consacré leur vie à leur terre qui est imprégnée de leur sueur et de
leur sang, les bretons ont su retrouver leur charmante culture et
sauvegarder leur langue.